Dans cet ouvrage passionnant, dont vous trouverez ci-dessous la fiche de lecture, deux économistes reconnus explorent les transformations de la monnaie à l'ère des crises financières, du climat et des innovations numériques.
Pour eux, la monnaie est bien plus qu'un outil technique : c'est un bien commun, à placer au cœur du lien social et de la dignité humaine.
Un chapitre entier est consacré aux monnaies locales complémentaires, analysées comme de véritables leviers de transition écologique et de revitalisation territoriale.
Michel Aglietta et Natacha Valla montrent comment elles dynamisent l'économie réelle, renforcent la solidarité et peuvent financer des projets sociaux et environnementaux ambitieux.
A travers des exemples inspirants, présents ou passés, (le WIR suisse, le Crédito argentin, le SoNantes), cet ouvrage nous invite à repenser la monnaie comme un outil de résilience et de démocratie.
Fiche de lecture
La monnaie n'est pas un simple instrument technique : c'est un bien public, un vecteur de lien social et de dignité : c'est la thèse défendu par Michel Aglietta et Natacha Valla dans leur ouvrage Le Futur de la monnaie, publié en 2021.
Ces deux auteurs défendent l'idée que l'innovation monétaire (de la cryptomonnaie aux monnaies locales) peut contribuer à refonder l'économie sur des bases plus inclusives et soutenables.
Le rôle fondamental de la monnaie
La monnaie structure le lien social et la confiance collective (basée sur la : "confiance éthique" et la "confiance méthodique")
Elle doit être considérée comme un bien commun, au service du développement économique et social d'une société.
Zoom sur les monnaies locales et complémentaires (Chapitre 3)
Définition : il s'agit de monnaies adossées à l'euro, convertibles à parité, sans création monétaire autonome.
Leurs objectifs sont divers : dynamiser l'économie locale, soutenir la cohésion territoriale et inciter à la consommation responsable.
Leurs effets sont concrets : une circulation plus rapide, la relocalisation des richesses et le soutien aux PME (effets économiques) ; la consolidation des liens citoyens, le développement de mécanismes de solidarité (effets sociaux) ; elles sont un appui à la transition écologique et à l'économie circulaire (effets environnementaux.)
Les auteurs insistent sur un point : pour avoir un impact, les MLC doivent atteindre une taille critique et s'adosser aux collectivités ainsi qu'aux acteurs privés.
Elles pourraient être utilisées de manière plus approfondie (car elles redirigent d'ores et déjà les flux financiers des banques classiques vers des banques de l'ESS), pour financer des projets de transition, avec une garantie publique.
Etudes de cas
Le WIR (créé en Suisse en 1934) : il s'agit d'un système de monnaie complémentaire unique à l'échelle mondiale. Il est un complément judicieux au circuit monétaire établi et contribue à assainir l'économie suisse. Le système du WIR renforce la colonne vertébrale du principal vecteur de succès de l'économie suisse : les PME. En effet, ce réseau inter-entreprise stabilisateur en temps de crise est toujours actif et compte plus de 60 000 membres.
Le Crédito (créé en Argentine dans les 1990's-2000's) : ce fut une réponse citoyenne à une crise monétaire qui reposait sur la solidarité et la confiance éthique entre les acteurs. Cependant, cette monnaie alternative s'est effondrée en raison de l'absence de régulation et de la surliquidité qui en découla.
Des exemples hybrides (Ex: SoNantes qui fut ensuite fusionnée avec Moneko, MLC actuelle de Nantes)) : qui combinent monnaie de consommation et crédit mutuel, renforçant à la fois la production et la consommation locale.
Enjeux de résilience de l'économie circulaire
Les MLC sont vues comme des leviers de rénovation territoriale par l'économie circulaire (valorisation des ressources locales, financement des services sociaux et environnementaux, etc..
Elles participent à redéfinir la richesse comme bien-être social et capital collectif, plutôt que comme simple logique d'accumulation.
Recommandation des auteurs
Leurs préconisations sont de :
encourager les monnaies hybrides (consommation + crédit interentreprises)
intégrer les MLC dans les programmes publics de transition
reconnaître la monnaie comme un outil de démocratie économie
appuyer leur développement par un soutien public initial qui garantit leur crédibilité
Recommandation de lecture Michel Aglietta & Natacha Valla (2021), Le futur de la monnaie, Odile Jacob.